L’étude publiée le 18 janvier par l’IFOP pour le spécialiste de la téléconsultation Qare affirme que 60 % des femmes auraient déjà renoncé à des soins gynécologiques. Un chiffre inquiétant quand on sait qu’il concerne un suivi médical fondamental.
Contraception, grossesse, ménopause, le suivi gynécologique tient une place importante au cours de la vie d’une femme. La plupart des spécialistes recommandent, à partir de la puberté, d’effectuer au minimum un bilan annuel. Seulement d’après cette récente étude, 1 femme sur 3 ne prend pas soin de sa santé gynécologique. Irrégularité ou annulation des rendez-vous, pour certaines le suivi gynécologique n’est plus une priorité. 57 % des interrogées ont admis avoir déjà reporté ou annulé une fois tandis que 12 % d’entre-elles le font de manière régulière.
Des chiffres qui révèlent des problèmes majeurs
Plusieurs affirment avoir dû annuler un rendez-vous par souci d’agenda ou d’éloignement géographique. Manque de temps ou trop éloigné d’un spécialiste, les raisons de l’absence des femmes dans les salles d’attente n’est pas le fruit du hasard. Par ailleurs, les délais d’attente pour obtenir un rendez-vous jouent également en défaveur du secteur médical. « Ça me choque qu’il y ait autant de femmes qui aient à y renoncer, car c’est un suivi super important. Mais d’un côté, en France, c’est mal fait : il n’y a plus beaucoup de gynécologues, ils partent tous à la retraite, les délais de rendez-vous sont très longs et l’accès au soin est très difficile. », déplore Laura Walter, sage-femme à Strasbourg.
70 % des moins de 35 ans indiquent avoir renoncé à des consultations de contrôle et de dépistage
Cette étude a également permis de mettre en avant un autre problème : la méfiance et la défiance des jeunes concernant les professionnelles de santé. La médiatisation à travers les écrans ou les réseaux sociaux des travers de ce secteur médical ont eu un impact fort sur les jeunes. Léa Bainier, Belfortaine de 19 ans, fait partie de ces filles qui redoutent le premier rendez-vous : « Pour le moment, je n’ai jamais eu de problèmes m’incitant à aller consulter, et je touche du bois. Je sais très bien qu’un jour ou l’autre, je vais devoir sauter le pas, mais le plus tard sera le mieux. ».
Si de nombreuses jeunes filles évoquent le malaise avec leur corps comme un facteur majeur dans le refus de consulter, l’influence de témoignages négatifs ou d’expériences personnelles bouleversantes n’arrange pas la situation : « Dans notre cabinet, on a énormément de jeunes. On voit beaucoup de patientes qui ont déjà vu un gynécologue avant et qui ont un très mauvais vécu avec. C’est affolant. Normalement, une consultation gynécologique, ça se passe bien, si le médecin est à l’écoute et le fait doucement, ce n’est pas censé être un traumatisme. Mais avec toutes les violences gynécologiques dont on parle actuellement, ça fait encore plus peur, ce qui n’aide pas. », constate Laura Walter.
Des solutions alternatives parfois méconnues
« C’est une chose inévitable dans la vie d’une femme et pourtant rien n’est mis en œuvre pour nous rassurer à prendre le premier rendez-vous. », explique Léa, qui soulève un problème important. En effet, le manque de communication sur les alternatives possibles est considérable : médecin généraliste, sage-femme ou encore téléconsultation, les options sont nombreuses pour celles qui appréhendent ou qui n’ont simplement pas le temps de se rendre chez un spécialiste. « Elles ne sont toujours pas assez informées sur la possibilité de faire un suivi chez les sages-femmes, ce qui pourrait être une première alternative. Voir un médecin traitant ou une sage-femme peut-être un bon départ. », estime Laura, attristée par cette absence d’information. Par ailleurs, 40 % de celles qui renoncent aux soins ne savent pas vers qui se tourner ni où chercher l’information. La mise en avant de ces différentes solutions pourrait permettre aux femmes de renouer avec leur santé gynécologique.