A partir du 16 mars prochain, le don de sang sera ouvert aux hommes homosexuels, sans plus aucune condition. Depuis 2019, le don de sang devait respecter certains critères tels qu’une abstinence sexuelle de 4 mois précédant le prélèvement sanguin. Pourquoi alors une telle évolution ?
« Il est mis fin à une inégalité de droit qui n’était plus justifiée », indique un communiqué publié mardi par le Ministère des Solidarités et de la Santé. En 2019 déjà, les critères de sélection des donneurs homosexuels devaient être ajustés, mais Santé Publique France avait fait paraître la même année une étude freinant un potentiel changement. Selon celle-ci, mettre tout le monde sur le même pied d’égalité sans tenir compte de leur orientation sexuelle aurait représenté une augmentation du risque de transmission du VIH par transfusion de près de 50%. Il faut donc attendre 2021 et la loi bioéthique pour que ces chiffres soient revus à la baisse. « Le risque résiduel estimé de sélectionner un donneur infecté par le VIH serait multiplié au maximum par un facteur 1,5 mais resterait faible » explique à travers un communiqué de presse le Haut Conseil de santé publique.
Ainsi, ce mercredi 12 janvier, l’arrêté qui prend en compte l’assouplissement des critères a été signé avec le projet de mettre en œuvre ceux-ci dans les deux mois à venir. Seuls les hommes homosexuels sont concernés puisque les femmes possèdent déjà ce droit qu’elles soient hétérosexuelles, ou pas.
Une longueur de retard…
La communauté LGBT se réjouit de cette nouvelle. Selon elle, l’interdiction pour les hommes ayant eu des relations sexuelles avec d’autres hommes de donner leur sang venait de vieux clichés. Ceux-ci dataient alors des années 80, au moment de l’explosion de l’épidémie de la maladie du VIH. « La France était retardataire sur le sujet. Plusieurs pays en Europe l’avaient déjà autorisé comme l’Italie en 2001 », explique Louise Didier, responsable administrative de La Station, centre LGBTI à Strasbourg. La mesure est d’ailleurs rapidement passée à l’Assemblée nationale : les résultats des pays voisins, en avance sur cette question, montraient que le don de sang des personnes homosexuelles ne posait pas de problème particulier. A La Station, les membres n’ont pour le moment pas vraiment abordé le sujet. Pourtant certains regrettaient de ne pas pouvoir être donneurs. « C’est un peu paradoxal de voir qu’il y avait des pénuries et de voir cette discrimination persister », ajoute Louise. Malgré cette récente évolution, quelques différenciations persistent. Les personnes transgenres ou celles sous traitement préventif contre le VIH (la « Prep ») ne sont toujours pas autorisées à donner leur sang.
Lucie Robert