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Le désarroi des commerçants face à la hausse des vols

Les vols à l’étalage ont augmenté de 14% en 2022. Ils reflettent la hausse des prix des produits alimentaires, selon le ministère de l’Intérieur. Les commerçants, dépassés par la situation, ont dû mettre en place des mesures parfois drastiques. 

Face à l’inflation, certains se voient forcés de voler pour remplir leur panier. C’est sur les produits de première nécessité et surtout sur la nourriture que cette augmentation des vols est constatée. S’il y a toujours eu des vols, leur récente augmentation est inquiétante pour les commerçants. « Maintenant c’est tous les jours, raconte Anne Gross, gérante d’un U Express Rue des Bouchers à Strasbourg, parfois même plusieurs fois par jour. Ça peut être des produits chers ou un paquet de pâtes qui sont volés, des fois, c’est des sacs entiers ». 

Et les techniques sont de plus en plus élaborées. « Les gens enlèvent les emballages et prennent seulement le produit pour que ça soit moins visible. On retrouve des emballages vides dans les rayons, et là, on comprend que ça a été volé. » décrit Christophe, chef de la sécurité du Auchan Les Halles.

Un nouveau type de profil 

L’inflation a créé un nouveau type de voleur, d’après Anne Gross. « Tout le monde vole, de l’étudiant à la mère de famille jusqu’à la mamie, tout le monde vole ! Même les habitués du magasin », explique Anne, avec dépit. Ceux qui ne volaient pas avant, ceux qui n’ont jamais volé et n’auraient jamais imaginé le faire deviennent des voleurs potentiels pour les commerçants. « On est obligé de fouiller les sacs de tout le monde, on est tout le temps suspicieux, c’est très désagréable pour nous et pour le client », poursuit Anne. 

Cette tendance au vol se généralise et se retrouve dans d’autres supermarchés. « Même s’il n’y a pas de profil type, confirme Antoine Virc, directeur du Auchan Les Halles, il y a des nouveaux profils. C’est de plus en plus des étudiants qui n’arrivent plus à s’en sortir. ». Des personnes déjà en situation de précarité que l’inflation submerge.

Viande et poissons antivolés

Pour lutter contre ces vols à répétition, certains supermarchés ont fait le choix de mettre des antivols sur des produits comme la viande ou le poisson. Pour d’autres, cette solution n’est pas envisageable. Anne a fait le calcul : « Un antivol, c’est 50 centimes, si on commence à en mettre sur tous les produits chers, les prix de ces produits vont aussi devoir augmenter et ça c’est pas possible. C’est un cercle vicieux. » Un engrenage qui finirait par faire payer plus cher tous les clients. 

Les commerçants ont donc dû trouver d’autres solutions. « On a mis plus de caméras, on a aussi de plus en plus de contrôles en caisse. » confie Antoine. Des solutions aussi permises grâce aux nouvelles technologies, puisqu’Anne va bientôt recevoir des caméras dotées de l’intelligence artificielle. Ces caméras seront capables de repérer des mouvements suspects et des attitudes de vol chez les clients. « La caméra va détecter des mouvements suspects chez les clients, comme des mains qui cachent des produits, ou même des regards fuyants, explique t-elle. Ensuite on recevra une notification pour nous prévenir de fouiller un tel ou un tel. » 

Si ces nouveaux moyens ne réjouissent pas les commerçants, ces derniers n’ont « plus le choix », se désole Anne. 

« On ne sait plus quoi faire »

Les commerçants, conscients des difficultés auxquelles font face leurs clients, ne savent plus comment réagir. Mais les poursuites sont rares tant les vols sont fréquents. « On ne sait plus quoi faire, déplore Anne, on ne peut pas être sans cesse aux aguets et surveiller tout le monde ». Les commerçants craignent de devoir augmenter leurs prix après des pertes trop lourdes, et donc d’encore augmenter les vols.

« On en arrête beaucoup mais vous savez il y en a toujours qui passent en travers du filet, ils ont toujours un temps d’avance sur nous. », affirme Christophe, chef de sécurité, de manière fataliste. 

Marie Chappaz