Les toits strasbourgeois ont revêtu leur plus beau manteau blanc, mais la neige a aussi envahi les rues. Avant même les premières lueurs du jours, l’Eurométropole a missionné 400 personnes et 119 véhicules équipés pour déneiger les routes. Mais qui se charge de l’entretien des trottoirs ?
Depuis le début de l’année, les anciens se frottent les mains et disent qu’il fait bon retrouver un hiver comme ceux de leur jeunesse. Car même Atmorisk, la plateforme de gestion des risques météorologiques d’Alsace, le confirme : la région n’avait plus vu de telles chutes de neige depuis 2006 et 2010. L’occasion pour les amateurs de glissades de ressortir les luges mais tous ne sont pas adeptes d’une samba improvisée dans la neige, surtout de bon matin en se rendant au travail.
Chacun balaie devant sa porte
« …et les rues seront nettes » dit le célèbre proverbe français. Car, si un malheureux venait à glisser devant un immeuble ou une maison parce que le trottoir n’avait pas été déneigé, la facture, à défaut du trottoir, risque d’être salée. Propriétaire, locataire ou tenancier d’une boutique, même si celle-ci est fermée : la loi s’applique à tous et elle est plus complexe qu’on ne le pense…
Deux cas de figures
Alors comment savoir s’il faut enfiler ses plus jolies moufles et s’équiper d’une pelle à neige ? Il existe deux possibilités : soit la ville a fait un arrêté municipal, auquel cas elle ne se chargera que de la route et les riverains devront déblayer la neige sur leur parcelle de trottoir, soit il n’y a pas d’arrêté municipal et la commune devrait prendre en charge le déneigement intégral de la voie publique.
Sauf que l’affaire se complique, comme l’indique une information ministérielle de novembre 2006 qui avait été émise après de violentes chutes… de neige : « En cas d’accident, le juge appréciera si les précautions nécessaires avaient été prises par les propriétaires des immeubles, notamment dans les régions où les chutes de neige sont abondantes. En cas de négligence avérée, le propriétaire commet une faute qui engage sa responsabilité ». Municipalité engagée ou non, dans tous les cas le propriétaire risque une sanction.
Nous avons testé pour vous
Beaucoup d’Alsaciens, en particulier dans les grandes villes, se sont plaints d’une absence quasi-totale de déneigement des trottoirs cette année. Nous avons donc testé pour vous, sur le trajet de l’Allée de la Robertsau à la cathédrale, la véracité de ces propos. Ils sont malheureusement fondés : quasiment aucun trottoir n’avait été déneigé pendant les périodes de fortes chutes de neige. De même devant les cabinets de dentistes ou les crèches privées. Et, en fin de journée, avec la neige agglomérée, les rues s’étaient transformées en véritables patinoires.
En cas d’accident
Si accident il y a, la victime peut se retourner contre le propriétaire ou locataire de la zone non déneigée. Dans le cas des immeubles, la responsabilité revient au syndic de copropriété. L’inconvénient des grandes villes, c’est que très peu d’immeubles disposent encore d’un concierge et aucune information ne circule entre les locataires pour se charger des trottoirs enneigés. Une mauvaise chute peut donc résulter en dommages et intérêts conséquents en fonction des blessures, l’assureur peut se retourner contre son assuré, en plus d’une amende au premier degré de 38 euros.
Lucie d’Agosto Dalibot