Depuis le début de la guerre, environ 118 000 Ukrainiennes et Ukrainiens sont arrivés en France. L’association Ukraine is Europe est l’une de ces associations qui a permis aux réfugiés de s’installer à Strasbourg et qui a apporté son aide sur le front. Elle a également permis de créer des liens forts entre ses membres franco-ukrainiens Anastasia, Lila et Paul.
L’association Ukraine is Europe a été fondée en septembre dernier. Elle regroupe 380 membres sur son groupe Facebook. Dès le début de la guerre, son créateur Paul décide de s’engager. Il se porte volontaire auprès de l’armée ukrainienne. Voulant aider les populations blessées, il devient ambulancier sur le front. Il réalise une formation militaire dispensée par l’armée ukrainienne, dans laquelle il apprend le maniement des armes. « Les Russes tirent sur l’humanitaire donc il faut savoir se défendre », explique le brun de 36 ans. Une première pour cet ancien moine français, ayant fait vœu de silence pendant 7 ans dans un monastère cistercien avant de devenir professeur de philosophie à l’Université de Strasbourg. Passionné par la culture slave, il tombe amoureux de l’Ukraine. À travers cette association, de véritables destins croisés ont émergé. Notamment entre la secrétaire Anastasia, tout juste 30 ans, en France depuis 10 ans et Lila, 35 ans, qui a fui la guerre et qui s’occupe de l’organisation des événements. « D’abord, on veut dire merci aux Français pour leur aide. Je suis très reconnaissante envers les Français », déclare-t-elle, arrivée en France en avril avec sa mère grâce à Paul. L’accueil des réfugiés a été l’une des premières missions de l’association, Strasbourg étant l’une des portes d’entrée des Ukrainiens en France.
Les collectivités territoriales et les associations se sont tout de suite mobilisées pour récolter des dons. Au bout de quelques mois, cet élan de solidarité s’est essoufflé et le besoin de créer l’association s’est fait ressentir. « Au début, on pouvait faire des actions chacun de notre côté. Mais pour être plus efficace, on était dans l’obligation de se rassembler » explique Paul, également créateur des vélos du cœur et donc, habitué des actions humanitaires. L’argent et les dons sont récoltés grâce à des cagnottes ou encore lors de messes à Strasbourg. Des donations qui ont permis l’achat et l’acheminement d’ambulances conduites par les membres de l’association. À ce jour, ce sont 15 ambulances qui ont été livrées. Ces opérations ont un coût : l’achat et l’acheminement de deux ambulances représentent environ 25 000 euros. « Bien sûr, les Français ont été très touchés au début et se sentaient concernés avec toutes les scènes d’horreur que l’on voyait à la télévision. Mais, naturellement, ils le sont moins maintenant qu’on en parle quasiment plus aux informations. Leur vie a repris son cours normal », estime Anastasia, qui suit toutes les 15 minutes une application annonçant les alertes aériennes pour s’assurer que la région de sa famille n’est pas touchée. Avec les multiples bombardements russes sur des infrastructures énergétiques, l’association a décidé d’acheminer des groupes électrogènes pour faire face au rude hiver ukrainien qui avoisine les -20 degrés actuellement.
Avant de la rejoindre, Lila a été aidée par l’association, elle fait partie de ces Ukrainiens qui ont réussi à pleinement s’intégrer en France. Quelques semaines après le début de la guerre, elle a dû fuir Kharkiv. Au départ, elle ne voulait pas quitter l’Ukraine. Les problèmes de santé de sa mère, qui n’ont pas pu être résolus dans leur pays, les ont obligées à venir en France. Avec sa mère, elle a été accueillie dans une famille française. Elle a notamment été surprise par la générosité et les liens qu’ils ont pu créer avec cette famille. « L’accueil des Français a été formidable, 10/10. Paul nous a trouvé une famille incroyable. » Depuis, Lila a loué un appartement et a trouvé un emploi en tant qu’« actrice de théâtre de marionnette » à Haguenau. Elle n’a pas perdu contact avec sa famille d’accueil. « Je suis invité à manger chez eux tous les lundis. Les enfants ont même commencé à apprendre l’ukrainien. Dès que la guerre sera finie, ils m’ont promis de venir en Ukraine. On veut vraiment partager nos cultures ». Anastasia a permis à 150 personnes de venir en France, tous ont trouvé une famille d’accueil.
Tom Herga