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La bande dessinée vit bien dans sa bulle

L’année 2020 était difficile pour la culture, mais cela n’a pas empêché à la bande dessinée de cartonner. Beaucoup de lecteurs se sont tournés vers cet univers pour échapper à la réalité du confinement. Une aubaine pour des libraires touchés par la crise sanitaire.

Malgré deux confinements et une pandémie qui ne cesse d’évoluer, la bande dessinée résiste à la crise et continue de plaire. L’année dernière, le secteur a même connu une nouvelle année de croissance. Selon des chiffres de l’institut GFK, 53,1 millions d’exemplaires ont été vendus en 2020, soit une hausse de 9 %. « On a parfois fait des vitrines de bande dessinées et les gens se sont rués dessus. Ça marche toujours, mais l’année dernière encore plus », constate Kallen, vendeuse de Librairie chapitre 8 à Strasbourg. L’univers de la bulle a donc connu un franc succès puisque le chiffre d’affaires a progressé de 6% à 591 millions d’euros en 2020. Un résultat presque incroyable par temps de coronavirus. « C’était inattendu pendant cette période, c’est une bonne nouvelle et une belle surprise », estime Philémon Walter, gérant du Bildegarte, librairie spécialisée dans la BD.

De plus en plus d’accros aux bulles

La bande dessinée souffre donc très peu et ce contexte sanitaire a même permis d’augmenter l’appétit des lecteurs. « Avec la situation, les gens n’ont plus grande chose à faire à part lire. Ils ont plus de temps et la plupart se tourne vers la BD », dit Kallen. La bande dessinée s’est encore plus démocratisée en 2020 et attire un public de plus en plus large. Très appréciée dans la société, elle représente un livre vendu sur cinq en France l’année dernière. « L’univers s’est ouvert, il y a une diversité de sujets. Beaucoup de clients passionnés de littérature se sont mis à la BD et aiment le roman graphique. Tout le monde y trouve désormais son compte », explique Louise Lemee, de la librairie strasbourgeoise Le Tigre.

Les mangas sortent vainqueurs 

Ce sont de gros titres qui se sont démarqués en 2020 et qui ont permis au secteur d’établir son année record. Le dernier Lucky Luke « un Cow-Boy dans le coton », « L’arabe du Futur 5 » de Riad Sattouf et le 27ème tome des aventures de Blake et Mortimer se trouvent dans le top 3 des meilleures ventes de l’année dernière. Mais au sein des bandes dessinées, c’est le manga qui a été le genre le plus dynamique. Il représente 42% des exemplaires vendus en 2020. « Ce sont souvent les jeunes garçons qui sont attirés par les mangas après avoir regardé des animés. », dit Caroline Tousch, co-gérante de Ça va Buller, une autre librairie de BD de Strasbourg.

Des auteurs perdants et en détresse 

Les ventes de bandes dessinées ont été exceptionnelles en 2020, mais les bdéistes, eux, souffrent de la crise sanitaire. Actuellement, une majorité de ces auteurs ne s’en sort pas financièrement et gagne moins que le SMIC. Car si les Français ont acheté beaucoup de bandes dessinées au moment de la réouverture des librairies, ce sont les plus gros auteurs qui en ont profité. « En 2020, énormément de titres ont été sacrifiés et notamment les plus petits. Beaucoup n’ont pas sorti leur BD l’année dernière », explique Philémon Walter, gérant du Bildegarte à Strasbourg. Pour alerter sur leur situation, le collectif Autrices et Auteurs en Action a appelé à boycotter le Festival D’Angoulême prévu en juin prochain. Et pour l’instant, près de 800 bédéistes ont signé la tribune.

Julia CLEMENTZ