Un article de Théo Berthet, édité par Sailesh Gya.
Le confinement a rendu impossibles les examens du permis de conduire pendant plusieurs mois. Le retard accumulé et les nouvelles normes sanitaires ont entraîné des délais d’attente allongés, s’accompagnant parfois de dépenses supplémentaires pour les apprentis conducteurs.
Mardi matin 9 heures, une inspectrice porte une visière de sécurité et nettoie avec du désinfectant le volant de la voiture, devant le centre d’examen du permis de conduire à Cronenbourg. La scène est surprenante. Elle est pourtant devenue indissociable de l’examen du permis de conduire. Depuis le 8 juin, et la reprise de leur activité, la routine des examinateurs est perturbée. Après plus de deux mois d’arrêt, les évaluations pratiques du permis ont repris, à condition de respecter un protocole strict. Le port du masque pour tous les occupants du véhicule et la désinfection du poste de conduite entre chaque candidat sont obligatoires.
Les conséquences du confinement se font sentir, notamment au niveau des délais d’attente pour obtenir une date d’examen, allongées de plusieurs semaines. « À la base j’étais censé passer mon permis de conduite au début du mois de juillet, mais apparemment ce ne sera pas possible avant le mois de septembre. », soupire Clara, étudiante à Strasbourg. « Je me suis arrangé avec mon autoécole pour placer mes heures de conduites au mois de septembre, mais d’ici là j’aurais perdu la main. Je vais sûrement devoir en prendre plus que prévu. », ajoute-t-elle. Selon le ministère de l’Intérieur, le prix moyen du cursus du permis de conduire en 2018 était d’environ 1800 euros. Chaque créneau d’une heure coûte près de 40 euros. L’addition peut vite se retrouver plus salée que prévu pour les candidats.
Les auto-écoles se retrouvent, elles aussi, impuissantes face à la situation. Elles ne peuvent que constater le retard accumulé. « En temps normal, on est grosso modo entre 30 et 45 jours pour avoir une place. Alors que là, maintenant, on va passer sur 60 à 90 jours. », indique Philippe Klein, moniteur et propriétaire d’une école de conduite. Un retard qui s’explique en partie, selon lui, par la nécessité de « faire passer en priorité les candidats dont l’examen a été annulé à cause du confinement ». Les mesures sanitaires, et plus particulièrement l’obligation de désinfecter l’habitacle entre deux passages, expliquent aussi le manque de place disponible. « Habituellement, un inspecteur voit 13 candidats par jour. Au vu de la situation et des nettoyages, on perd deux créneaux par jour. », calcule Simon Sellam, gérant d’une autre auto-école.
Selon la préfecture du Bas-Rhin, la Direction Départementale des Territoires (DDT), chargée de l’organisation de l’examen du permis, va organiser 1700 sessions pendant le mois de juin. Les 17 inspecteurs strasbourgeois auront fort à faire pour compenser cet embouteillage sur l’autoroute du précieux sésame.