Ne pas boire une goutte d’alcool pendant un mois, c’est le défi du dry january (mois sans alcool, en anglais). Un challenge qui intéresse chaque année toujours plus de Français. Mais quels en sont les bénéfices ? Entretien avec Elise Gaugler, addictologue aux Hôpitaux civils de Strasbourg.
C’est un concept venu d’Angleterre qui séduit de plus en plus de Français. Selon un sondage BVA pour la Ligue contre le Cancer, 1/3 des sondés indiquent vouloir y participer cette année. Un mois sans alcool qui intervient juste après les fêtes de fin d’année, période souvent arrosée. Pour Elise Gaugler, docteur en addictologie aux hôpitaux civils de Strasbourg, il s’agit avant tout « de se questionner sur son rapport à l’alcool : Est-ce que j’arrive à m’arrêter quand je le souhaite ? Est-ce que j’en ai besoin ? Est-ce que je perds la maitrise quand je bois de trop ? ». L’objectif est donc de prendre du recul sur sa consommation personnelle, afin de savoir si elle correspond aux recommandations nationales : pas plus de deux verres d’alcool par jour et pas tous les jours.
Des bénéfices visibles et multiples
Elise Gaugler le souligne, « aucun organe n’est épargné par le rôle toxique de l’alcool ». Si l’on pense souvent au foie dont les maladies sont multiples (fibrose, cirrhose, etc..) , d’autres parties du corps font les frais d’une consommation excessive, comme le cerveau. « Si je voulais vulgariser, je dirais qu’on perd des neurones, qu’on les grille parce que l’alcool est neurotoxique », indique l’addictologue. Les bénéfices après un mois sans alcool sont donc apparents : 71% des participants indiquent mieux dormir, 54% disent avoir une meilleure peau et 58% observent qu’ils ont perdu du poids, selon une étude de l’université de Sussex. Plus largement, les bénéfices se ressentent également sur la vie professionnelle, dans les relations sociales ou encore sur le moral. Pour la docteure, ce mois sans alcool n’est pas simplement un défi éphémère mais peut conduire à un changement sur le long terme : « Il y a une proportion assez importante de personnes qui disent qu’après ce dry january elles ont limité leur consommation d’alcool parce qu’elles se disent ‘’dans telle situation, j’ai abusé, dans telle situation, je n’avais pas forcément besoin de consommer de l’alcool’’ ».
Multiplier la prévention
Selon santé publique France, l’alcool est responsable de plus de 40 000 décès chaque année dont les trois quarts sont des hommes. Les campagnes de préventions se multiplient, même si les actions sont encore insuffisantes pour Elise Gaugler. Si le mois sans tabac en novembre est une campagne nationale ce n’est pas le cas du dry january. Ce que déplore l’addictologue : « Les pouvoirs publics ne s’impliquent pas de la même manière. Ces deux campagnes n’ont pas le même poids et par rapport à l’alcool on pourrait faire encore beaucoup plus au niveau de la prévention ».
Jérémie RENGER