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Drapeau Lorentz : Le drapeau de la liberté

Le drapeau français flottait à nouveau au-dessus de la cathédrale pour les 80 ans de la Libération de Strasbourg, samedi 23 et dimanche 24 novembre. Chaque année, il est dressé en haut de l’édifice en hommage à cet événement historique.

« Nous sommes le 23 novembre 1944, les soldats du général Leclerc, la 2e division blindée, sont à Strasbourg. Ils veulent accomplir le serment qui a été fait au mois de mars 1941, raconte Geoffrey Diebold, historien spécialisé dans la Seconde Guerre mondiale en Alsace et guide conférencier au Musée Historique de Strasbourg. Ils avaient juré de ne déposer les armes que lorsque les couleurs françaises flotteront sur la cathédrale de Strasbourg. ». Ce samedi 23 novembre, à 10 heures précise, le drapeau tricolore est hissé sur la flèche de la cathédrale de Strasbourg, 80 ans après l’arrivée du Général Leclerc dans les rues de la ville. A l’époque, c’est le soldat du 1er régiment de marche de spahis marocains, Maurice Lebrun, 23 ans, qui avait gravi les 142 mètres de la flèche pour y accrocher le drapeau. 

« Jurez de ne déposer les armes que le jour où nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg. »

Serment de Koufra par le colonel Leclerc et ses hommes, le 2 mars 1941.
Drapeau Lorentz exposé au Musée Historique de la ville de Strasbourg. Crédit photo : Lucie Coniel

Un drapeau fabriqué de toutes pièces

Lorsque les soldats du général Leclerc arrivent à Strasbourg, la ville est sous occupation de l’Allemagne nazie depuis 4 ans. « Il n’y avait plus d’emblèmes français », souligne l’historien. La tâche de confectionner un drapeau français annonçant la libération de la ville est donnée à une charcutière strasbourgeoise, Émilienne Lorentz. « Elle devait réaliser un drapeau français avec ce qu’elle avait sous la main. L’hypothèse la plus plausible est que c’est un drap de lit blanc dont une partie a été teinte en bleu. La partie rouge est un morceau de drapeau nazi arraché puis cousu avec le reste », explique Geoffrey Diebold.

Strasbourg prise 

Au moment où le drapeau Lorentz, long de 2,70 mètres, est hissé en haut du monument, Strasbourg n’est pas encore complètement libérée. « La ville est prise et il y a encore quelques jours de combats, mais pour les soldats de Leclerc, le serment a été accompli. » , rappelle-t-il. Ce drapeau est symbolique. La capitale alsacienne avait été choisie, car c’est la plus grande ville à l’Est de la France. « Si Strasbourg est prise, ça signifie que l’Alsace et le reste de la France ont déjà été libérés. Ça marque l’accomplissement symbolique de la Libération complète du pays. », souligne Geoffrey Diebold. Strasbourg est une victoire symbolique pour la France et les Alliés, mais après cet événement, des combats intenses continuent autour de Colmar. Ce n’est qu’en mars 1945 que la région est totalement libérée.

Drapeau français hissé en haut de la cathédrale de Strasbourg à l’occasion des 80 ans de la Libération de Strasbourg. Crédit photo : Lucie Coniel

Sur le drapeau Lorentz, la croix de Lorraine est dessinée. C’est le symbole que le Général de Gaulle a choisi pour symbole de la France libre. Il voulait quelque chose de fort et de marquant en opposition à la croix gammée des nazis. Le drapeau Lorentz est exposé dans les collections du Musée Historique de la ville de Strasbourg. Une plaque sur la maison d’Émilienne Lorentz, Place Saint-Etienne, rend hommage à la conceptrice de ce drapeau de la liberté.

Lucie Coniel

Crédits photos : Lucie Coniel