Depuis le début de la fronde contre la réforme des retraites, la CGT et la CFDT ont trouvé un accord pour manifester ensemble. Un fait rare tant les deux syndicats sont rivaux.
L’unanimité contre la réforme des retraites l’a fait oublier, mais le paysage syndical français est extrêmement polarisé. Les deux pôles du syndicalisme français s’unissent mais se jaugent pour savoir qui va être le plus grand protecteur des salariés lors de ces manifestations intersyndicales (CFDT, CGT, FO, CGC, CFTC, UNSA, Solidaires, FSU, MNL, F!DL, FAGE, VL et UNEF). La CFDT est du côté des réformistes quand la CGT est davantage dans une logique de confrontation. “Bien souvent, nous arrivons à avoir gain de cause sans manifester. On préfère discuter avant d’aller manifester. À l’inverse, la CGT ne passe pas par l’étape discussion et manifeste directement”, relève Sabine Gies, secrétaire générale de la CFDT Alsace. Les deux représentants des salariés partagent deux identités syndicales, deux histoires différentes.
“Pour nous la réforme, c’est un non catégorique”
La CGT et la CFDT partagent tout de même un avis : l’âge de départ à la retraite qui ne doit pas être reculé à 64 ans. Pour le reste, l’alliance est moins évidente. La nécessité ou non de faire une réforme pose encore question au sein des syndicats. Leurs avis divergent à ce sujet. “Pour nous la réforme, c’est un non catégorique”, explique Laurent Feisthauer, secrétaire général de la CGT du Bas-Rhin. La CFDT n’est quant à elle pas opposée à une réforme. Elle en voudrait tout simplement une différente qui se rapproche davantage de celle de 2019. “En 2019, nous étions favorables à la proposition de réforme des retraites. Malheureusement, le système n’est plus le même que celui prôné par le candidat Macron auparavant”, rappelle Sabine Gies.
“Nous avons un groupe WhatsApp sur lequel on discute régulièrement”
La CGT et la CFDT dialoguent constamment pour préparer au mieux les manifestations en intersyndicale. “Nous avons un groupe WhatsApp sur lequel on discute régulièrement. On se réfère à l’intersyndicale nationale puis nous faisons une réunion pour gérer la manifestation à l’échelle locale”, explique Laurent Feisthauer. Le maître-mot : le dialogue. “Pour préparer une manifestation de grande ampleur, il n’y a pas d’autres choix que de se réunir pour pouvoir gérer ce mouvement du mieux possible, sans qu’il n’y ait de débordement”, surenchérit Sabine Gies.
“Nous sommes capables de rester groupés malgré nos divergences”
“L’objectif de ces manifestations, c’est de se rassembler pour être plus fort et faire plus de bruit. Nous avons chacun notre identité, mais sur certains sujets, nous sommes capables de rester groupés malgré nos divergences”, assure Laurent Feisthauer. Cette alliance sur le sujet de la réforme des retraites n’est pas nouvelle, car en 2010, les syndicats ont lutté de front, sans succès, contre la réforme des retraites voulue par Nicolas Sarkozy.