La page Instagram « Balance ton tatoueur », suivie par plus de 44 000 internautes, met en lumière les comportements abusifs de certains tatoueurs français.
Selon un sondage publié par l’Ifop en 2018, 18% de Français de plus de 18 ans sont ou ont été tatoués. Un moment et un geste intime, le plus souvent indélébile, qui laisse à chacun un souvenir particulier. La page Instagram « Balance ton tatoueur » tenue aujourd’hui par de nombreux tatoueurs français et épaulée par une équipe d’avocats s’est engagée à dénoncer toute pratique abusive lors d’une séance. Des premiers signalements étaient déjà apparus timidement avec un hashtag twitter. La page Instagram permet quant à elle de modérer et contrôler la véracité des témoignages. Un moyen de lever le voile sur des actes graves en recueillant des témoignages écrits, vocaux ou filmés des victimes.
« Je peux voir ta chatte ? Je veux voir à quoi ça ressemble épilée au laser » ou encore « un grand tatoueur ne tatoue ni grosses, ni moches poilues », c’est ce qu’ont entendu les victimes témoignant anonymement sur la page Instagram. Des propos alarmants passant de la grossophobie au racisme, et allant parfois jusqu’aux attouchements sexuels. L’un des tatoueurs les plus cités dans ces publications a réagi en attaquant en justice la page Instagram. L’enjeu de « Balance ton tatoueur » est bel et bien de choquer et dénoncer. « Pour la fin de l’omerta, pour que la peur change de camp, pour que la communauté soit plus safe », peut-on lire en biographie de leur page.
Beaucoup de tatoueurs soutiennent la page, choqués par les actes commis au sein de leur profession. « Je trouve que c’est important de parler de la séance de tatouage car l’expérience n’est pas toujours agréable. Je choisis personnellement un professionnel avec qui je me sens à l’aise c’est très important pour moi », témoigne Delphine Hilpert, tatouée et tatoueuse sous le pseudonyme de Tazmania. Les réseaux sociaux sont également un moyen préventif pour tout futur tatoué. « Cette page permet de dénoncer et de lever le voile sur l’impunité de certains comportements oppressifs dans le milieu du tatouage. Je la soutiens à 100% car c’est un outil libérateur de parole essentiel », souligne Maxence Culmine, étudiant et amateur de tatouages.
Aucune charte commune ne régit les bonnes pratiques des tatoueurs. Certains shops prennent donc eux-mêmes l’initiative de publier sur leur site internet leur propre ligne déontologique afin de rassurer et de protéger les clients. Le tatouage reste un art, et une pratique à part entière, qui est parfois dur à exercer. « Je suis une femme travaillant seule et je peux vous dire que nous avons également tous les jours à supporter des propos déplacés », confie la tatoueuse La Renarde. « Balance ton tatoueur » a su prouver une fois de plus la libération de parole qu’engendrent les réseaux sociaux.