Un an après son apogée, le mouvement des gilets jaunes s’est épuisé. Moins nombreux et virulents, ils ne sont plus que quelques centaines à se mobiliser chaque week end. Pourtant, l’impact de leurs manifestations de décembre 2018 est encore bien visible pour des commerçants qui ont beaucoup perdu ce mois-ci.
Le mois de décembre. Période festive et joyeuse, c’est à ce moment de l’année que les commerçants réalisent généralement leur meilleur chiffre d’affaires. Mais l’année 2018 doit être identifiée comme une exception. Il y a désormais plus d’un an, les manifestations des gilets jaunes avaient atteint leur paroxysme dans la France entière. Et Mulhouse n’est pas passée entre les mailles du filet.
Entre rassemblements dans le centre de la ville, chaînes humaines autour du centre commercial Porte Jeune, et légers affrontements avec les forces de l’ordre, les magasins mulhousiens ont dû fermer à plusieurs reprises. C’est le cas de Nike par exemple, situé dans la Porte Jeune, qui a dû baisser son rideau à une dizaine de reprises. Des manifestations qui ont, au-delà de ces fermetures, fortement impacté la vie du commerce.
« D’abord par rapport à nos objectifs en terme de chiffres, l’impact a été immédiat, explique Raphaël Centlivre, directeur adjoint du magasin. Ensuite, le centre commercial a fermé, donc le flux client était intermittent. Nos employés ont aussi eu des problèmes pour se rendre au travail. Tout cela faisait que le magasin marchait vraiment au ralenti, voire pas du tout certains jours ». Durant cette période, Nike effectuait des journées où il réalisait -50%, -60% voire -70% par rapport au chiffre d’affaires visé.
« Mais les pertes économiques restent difficiles à totalement évaluer, d’autant que l’aspect psychologique entre aussi en compte selon Raphaël Centlivre. Ces manifestations ont aussi eu un impact moral sur les consommateurs, mais ça on le voit pas financièrement. Certaines personnes ne sont sûrement pas venues parce qu’elles étaient craintives ou ont eu peur, et dans ce cas là elles ne viennent pas. C’est un manque à gagner différent ».
Plus globalement, c’est bien tous les commerces de la ville qui ont été touchés par ces manifestations. Et l’impact de celles-ci est encore bien visible en 2020. « Certaines enseignes de la principale artère de la ville (la rue du Sauvage, Ndlr) sont encore en difficultés aujourd’hui, révèle Frédéric Marquet, manager du commerce de Mulhouse. Il y a eu un manque de rentabilité qui entraîne des complications pour payer le loyer. Si certains commerces parviennent à faire le dos rond et redynamiser par la suite, d’autres vont mettre la clé sous la porte dans les prochains mois ».
La ville peut cependant se satisfaire du fait qu’il « n’y ait pas eu de dégât réel, mis à part une vitre brisée, selon Frédéric Marquet. La situation a été bien gérée, il y a eu une bonne communication, sans être alarmiste. En cas de risques, on a protégé les magasins avec des fermetures temporaires pour éviter au maximum les casses ». Un hiver qui a été en somme musclé, alors que les commerçants ont pu retrouver leur rythme habituel à la fin d’année 2019.
Damon Schlaefflin