Le prix du tabac va augmenter le 1er mars 2020, la suite logique d’une campagne anti-tabac menée depuis 2017. L’objectif de ces mesures, visant à fixer le prix d’un paquet de cigarette à 10 euros, sera atteint dans les semaines à venir. Une hausse des prix qui vient renforcer le commerce illégal du tabac.
Les paquets de cigarettes commencent à coûter une petite fortune. Un arrêté publié au Journal Officiel a annoncé hier que le prix de vente des cigarettes et du tabac à rouler va augmenter le 1er mars 2020. Une augmentation qui survient seulement deux mois après la première hausse cette année, en janvier. Les fumeurs français devront alors revoir leur budget cigarettes: en moyenne, les paquets coûteront 50 centimes de plus qu’auparavant, fixant leur prix à près de 10 euros. Et le gouvernement ne s’arrêtera pas là : dans le cadre du budget 2020, une dernière hausse du prix du tabac de 40 centimes est à prévoir en novembre. Une nouvelle qui ne réjouit ni les consommateurs, ni les buralistes. Vaneshree Kadi, propriétaire d’un bureau de tabac à Strasbourg est inquiète pour ses affaires : « De plus en plus, on remarque une baisse du nombre de ventes de tabac. Maintenant, les fumeurs essayent la cigarette électronique, ou tout simplement essayent d’arrêter de fumer. Et il est clair que ça a un rapport direct avec le prix. »
Depuis quelques années, le gouvernement met tout en oeuvre pour faire reculer le nombre de fumeurs en France. Après quatre ans de stabilité des prix, il a décidé en 2017 d’alourdir les taxes et de mettre en place deux hausses annuelles. Le but ? Dissuader les jeunes à consommer. Car en tuant près de 75 000 personnes chaque année, le tabac est la première cause de mortalité évitable en France. De nombreuses campagnes anti-tabac ont alors été menées, et des mesures ont été prises : la mise en place d’un paquet neutre peu attrayant, le remboursement des substituts nicotiniques ou encore la campagne du « Mois sans Tabac » ont largement contribué au recul du tabagisme en France ces dernières années. Ces actions semblent efficaces : d’après les chiffres du Baromètre Santé publié le 28 mai 2019, près d’1,6 millions de personnes ont arrêté de fumer en à peine deux ans en France. Un chiffre très encourageant dont se félicite le gouvernement. Mais il faudra encore de nombreuses années avant que la cigarette quitte le quotidien des plus addicts. Dans un pays où le tabagisme est très courant, les fumeurs trouvent des solutions pour éviter le prix élevé des paquets.
Quel impact dans le Grand Est ?
D’après le Bulletin de Santé de janvier 2019, le Grand Est est une région où les fumeurs sont très nombreux. Près d’1,2 millions de fumeurs âgés de 18 à 75 ans y sont recensés. Mais comment l’expliquer ? Strasbourg, de par sa proximité avec l’Allemagne, est en effet devenu un véritable paradis du tabac : alors qu’en France les prix ne cessent d’augmenter, il suffit de traverser la frontière allemande pour payer bien moins cher. Ce commerce parallèle, totalement illégal, ne cesse pourtant de se développer. À l’annonce de l’augmentation du prix du paquet au 1er mars, de nombreux strasbourgeois ne se sentent pas concernés. Cléa, étudiante à Strasbourg, ne s’inquiète pas pour son budget : « Ça n’impactera pas ma consommation de tabac… Je n’ai qu’à prendre le tram et je paye mon paquet 3 ou 4 euros moins cher. Le choix est vite fait. Mais si j’habitais ailleurs en France, il est clair que le prix serait dissuasif”.
– Doriane L’HUILLIER