Selon le site de Santé Publique France, environ 9 000 personnes se suicident par an sur le territoire. Une des causes les plus fréquentes : le travail. Souffrance physique, morale ou les deux, de nombreux corps de métier sont unanimes pour dénoncer des conditions de travail insoutenables.
Manque d’énergie, déprime ou même dépression. Il semble difficile de considérer le travail comme source de bonheur. A l’occasion de la journée nationale de la prévention du suicide, l’association SOS amitié de Strasbourg a organisé des cinés-débats à l’Odyssée sur le thème de la souffrance au travail. Samedi soir, ils étaient une trentaine de citoyens à s’être déplacés pour revoir le film culte de Nicolas Klotz, La Question Humaine. Dès la fin de la séance, les spectateurs ont été rejoints par Michèle Drida, psychosociologue, ainsi que par Daniel Lemler, psychiatre-psychanalyste. Et l’intervention des deux spécialistes témoigne de l’urgence face à ce mal-être. Daniel Lemler déclare au public : « En plus de 30 ans de carrière, je constate que la souffrance au travail est un épiphénomène. Je vois des gens de tous horizons qui souffrent de l’exigence, de la pression, du manque de dignité causé par la hiérarchie. Et je remarque surtout que ça ne s’arrange pas ». La psychosociologue appuie ses propos, pointant du doigt les conditions de travail des infirmières.
Le métier d’agriculteur semble être le plus dur à supporter. En effet, selon Franceinfo, deux agriculteurs se suicident tous les jours en France. En cause : la pénibilité des tâches à effectuer, des horaires à respecter et surtout la crise financière. Une crise qui touche une grande partie des travailleurs. Dans le film Au Nom de la Terre sorti en 2019, le réalisateur Edouard Bergeon raconte l’histoire tragique de Christian Bergeon, son père agriculteur croulant sous les dettes. Loin d’être exagéré, le film met en lumière les difficultés des conditions de travail et donc de vie des agriculteurs français depuis plusieurs années : essayer de survivre dans une France aux frontières ouvertes où les produits étrangers transformés, beaucoup moins chers, font concurrence aux élevages traditionnels.
Pourtant, selon un sondage de l’Ifop réalisé en 2016, 75% des travailleurs sont satisfaits de leur activité professionnelle. Mais pour plus de 30% d’entre eux, le travail est une contrainte obligatoire qui ne répond qu’à un désir financier. Et même si la plupart ont choisi leur activité, les tensions qui secouent le pays depuis la crise des «gilets jaunes» ont aggravé ce « mal-être » général. Les policiers et les enseignants sont particulièrement touchés par des phases de dépression dues à l’ambiance générale. En 2019, plus d’une cinquantaine de policiers ont mis fin à leur jour, notamment à cause des conditions de travail trop difficiles lors des manifestations ou dans des quartiers à risque.
Produire vite et produire plus, voilà l’objectif de nombreuses entreprises partout dans le monde. Au détriment peut-être de leurs employés.