À Strasbourg, la pêche à l’aimant réunit de plus en plus d’adeptes. La mode s’est peu à peu répandue dans la capitale européenne depuis l’été dernier. Il y a 6 mois un petit collectif à tenter de s’officialiser, où en est-il maintenant ?
Retour quelques mois en arrière. Les pêcheurs à l’aimant ne savaient pas exactement combien ils étaient. Mais au bord des quais strasbourgeois, ils étaient souvent au minimum une dizaine à chaque session cet été à lancer des aimants pouvant soulever jusqu’à 500 kilos en s’aidant d’un grappin . Après un appel sur les réseaux sociaux, Jules et Bruno, deux amis à l’origine de ce loisir écologique, ont vu une petite communauté se créer autour d’eux.
Au fond de l’Ill, il y a de tout : caddies, vélo, matériel de chantier… Les jeunes ont été choqués par la quantité et la diversité des d’objets qu’ils ont trouvés dans la rivière strasbourgeoise :«C’est fou de voir tout ce que les gens jettent au fond de l’eau !» s’exclame Jules.
Pourtant six mois après le début de leur initiative, Jules et ses camarades ont peu à peu déserté les quais. Le jeune homme regrette les moments où il sortait des kilos de déchets sous les yeux intrigués des passants. Il a été contraint de cesser son activité, confronté à des difficultés sur le plan légal. La pêche à l’aimant a rapidement fait polémique et les possibles risques autour de l’activité ont été mis en lumière.
Une tendance les inquiète : depuis quelque temps, de nombreuses préfectures interdisent la pêche à l’aimant, notamment dans les anciennes zones de conflits de la seconde Guerre Mondiale. Quand Jules a vu les arrêtés interdisant sa passion s’accumuler dans plusieurs départements, il a décidé de prendre du recul : «Nous, on ne voulait pas récupérer des objets dangereux. Notre seul but c’est de dépolluer.»
Le jeune collectif a voulu, à l’époque, créer une association, mais aujourd’hui ils ont fini peu à peu par abandonner le projet. La difficulté de rentrer en contact avec la mairie, de trouver une solution pour faire évacuer les encombrants qu’ils sortaient de l’eau, la législation très ambiguë sur le sujet… autant de problématiques auxquelles les jeunes n’ont pas réussi à trouver de réponse.
Il y a 6 mois, le collectif voulait s’officialiser, mais confronté à ces difficultés, ils ont peu à peu perdu leur motivation. Aujourd’hui, Jules espère pouvoir reprendre son activité dès le retour des beaux jours et réussir à fédérer à nouveau une équipe autour de lui.
Leur première tentative a été pourtant une belle réussite. Selon l’estimation de Jules, ils auraient réussi à sortir de l’eau au moins une tonne de déchets. Un résultat encourageant qui a donné envie au jeune homme de relancer son initiative de plus belle. Il compte cette fois-ci s’appuyer sur l’aide de la mairie et espère avoir le soutien des élus pour rendre la pêche à l’aimant totalement légale, tant qu’elle est pratiquée dans de bonnes conditions.
Marie Sprauer