Dimanche dernier, la France célébrait la journée internationale des droits des femmes. Des milliers de personnes se sont réunies pour manifester dans les plus grandes villes du pays, notamment à Strasbourg où plus de 800 femmes et hommes se sont rassemblées place de la Bourse. Cette manifestation s’inscrit dans un contexte tendu, avec des féministes plus révoltées que jamais.
Des banderoles, des slogans, des cris. La manifestation du 8 mars à Strasbourg a été marqué par la colère des femmes défilant dans les rues. Entre « Anti, anti patriarcat » ou encore « Nous sommes fortes, nous sommes fières, féministes et radicales », les femmes ne se cachent plus pour dire ce qu’elles pensent. Rassemblées autour de collectifs radicaux, manifester lors de la journée de la femme est pour elles une évidence. Anne, 45 ans, ne supporte plus l’indifférence masculine : « Hier, j’ai vu un jeune homme de 25 ans déchirer sans scrupule un flyer sur les droits des femmes. Ça m’a révoltée qu’on puisse être aussi désinvolte sur un sujet aussi sérieux. Il faut que les hommes comprennent que c’est important ».
Au milieu des slogans et des pancartes, un nom : Roman Polanski. Depuis sa nomination aux Césars et son sacre de meilleur réalisateur, Roman Polanski divise le monde du cinéma mais rassemble les féministes autour d’une même cause : la condamnation des violences sexuelles, trop peu prises en compte selon elles. En effet, le réalisateur est accusé d’abus sexuels sur mineurs et violences sexuelles sur plusieurs femmes. Pour Marine, étudiante en droit, le César du meilleur réalisateur donné à Roman Polanski est une honte : « J’ai été personnellement victime d’agressions sexuelles. Avec Polanski, on montre aux petites filles qu’on a beau être un pédophile, on peut être césarisé. Ce qui me révolte, ce n’est pas que Polanski, c’est aussi l’image qu’on envoie aux nouvelles générations ».
Mais Polanski n’est pas le seul sujet de révolte des femmes ce dimanche. Les féminicides sont toujours au cœur de leur manifestation. Le 3 septembre dernier, la France mettait en place le « Grenelle contre les violences conjugales » avec des mesures inédites : souplesse du secret médical, 360 millions d’euros débloqués et une ligne d’écoute en continu. Mais celles-ci ne semblent pas satisfaire les femmes dans la rue ce weekend. Selon Marianne, manifestante, rien ne bouge : « On nous dit on va mettre ci et ça en place mais au final ça change rien. La ligne d’écoute c’est bien mais la chose à faire, c’est écouter les plaintes des femmes en danger, c’est la priorité ».
En 2019, plus de 140 féminicides ont été recensés sur le territoire. Selon le collectif « Nous Toutes », 17 femmes seraient décédées depuis janvier 2020 sous les coups de leur conjoint. De quoi appuyer le discours des féministes en colère ce weekend.