L’E-sport s’est récemment inscrit sur la scène culturelle. Plus qu’une passion, c’est devenu un métier pour certains joueurs qui gagnent des sommes faramineuses lors de compétitions mondiales. Ces nouvelles professions du numérique offrent de nouvelles débouchés mais l’E-Sport reste un domaine où les femmes peinent à être représentées.
Kayane, Scarlett, Mystik : ces pseudos ne vous disent peut-être rien et pourtant elles font partie des grands noms de l’E-Sports féminin. Cependant leur notoriété est encore loin d’égaler celle de leurs homologues masculins. Aujourd’hui, la plupart des compétitions restent encore majoritairement masculines bien que de plus en plus de joueuses professionnelles décident de rentrer sur le devant de la scène.
La mixité de la discipline a beau être en plein essor, l’équilibre parfait est encore loin. Certaines craintes freinent l’envie des joueuses de se rendre dans les grands tournois : «Avant ma première compétition j’ai eu peur. Les commentaires sur internet sont super sexistes et le chat est souvent violent. J’avais peur que ça soit la même chose dans la vraie vie. Heureusement pendant un événement les mentalités sont plus ouvertes, les gens osent moins nous insulter en face.» explique Anna joueuse et compétitrice amatrice. Difficile de gommer des années où les jeux vidéo étaient réservés aux garçons. Dans une société majoritairement masculine, l’E-Sport ne fait pas vraiment la différence.
Peu de différence avec les domaines plus classique
L’E-Sport est une nouvelle niche qui offre de nombreuses opportunités d’investissement. En tant que nouveau métier du numérique, il possède également les mêmes inégalités que les professions dites plus “classique.” Différence de salaires hommes/femmes, plus grande difficulté pour les joueuses à percer le plafond de verre, discrimination et harcèlements sont le lot de beaucoup de tournois. Une compétition mondiale du jeu vidéo Hearthstone a été pointé du doigt par un utilisateur sur reddit. Organisé par la Fédération Internationale d’E-sport finlandais, l’événement a tout simplement été interdit aux femmes dans certaines catégories. Une ségrégation qui a énormément choqué dans le milieu vidéoludique et qui rappelle les discriminations subies par les femmes dans le monde de l’emploi.
Après un déferlement de commentaires qui mettaient en cause ces choix, jugés sexistes, la fédération a fini par présenter ses excuses et revoir l’organisation de son tournoi : «Nous réalisons qu’organiser une compétition uniquement masculine n’est pas la bonne marche à suivre, tout comme nous avons remarqué que l’industrie est déjà dominé par les hommes.» explique l’association dans un communiqué sur sa page Facebook. Un mea culpa qui n’a pas convaincu l’ensemble de la communauté E-sport.
Les femmes, déjà peu présentes dans les compétitions où elles sont acceptées se voient maintenant interdites dans certaines cups. S’ajoute à cela le harcèlement que subit une streameuse/joueuse quand elle élimine un compétiteur fortement apprécié du public dans un concours.
La Fédération International d’E-sport a finalement décidé d’ouvrir la compétition aux hommes comme aux femmes. Pourtant, ils ont gardé un tournoi avec une scène uniquement féminine.
La discrimination positive, une solution ?
En réponse à ces discriminations et dans le but de rendre la discipline plus ludique, plusieurs tournois uniquement féminins ont été mis en place comme l’EVO Feminin. Une tendance qui inquiète de nombreux joueurs et joueuses, de peur de voir la discipline se renfermer dans des cases.
En créant deux scènes différentes l’une pourrait devenir prioritaire sur l’autre, et pour certains représentants de l’E-Sport, ce serait l’une des plus grosses erreurs possibles : « J’ai toujours eu du mal avec les tournois féminins. Parce qu’ils enferment les femmes dans un écosystème qui n’encourage pas à la mixité. Mais pour avoir planché sur la question avec @NicoBesombes (vice-président de France E-sport) Les tournois féminins sont un dispositif pour mettre en avant les joueuses. » tweete Maria, ancienne membre de l’association Occitanie E-sport.
Si la discipline semblait remplie de bonne volonté sur l’intégration des femmes dans les événements, il y a réellement deux écoles entre les tournois interdits ou réservés aux femmes. Dans des métiers moins liés au numérique, les mêmes inégalités entre les sexes sont présentes. Cependant, le recul sur cette nouvelle discipline est encore faible et avec les années, elle pourrait devenir bien plus inclusive.
Marie Sprauer