Le mouvement de contestation a débuté en avril dernier suite à la proposition par la cheffe de l’exécutif, Carrie Lam, d’un projet de loi autorisant l’extradition des Hongkongais. Depuis, Hong Kong vit au rythme des manifestations et des opérations spectaculaires.
Un projet de loi retiré plus tard, des élections remportées par les pro-démocrates dans la foulée puis le limogeage de Wang Zhimin, responsable du bureau de liaison chinois avec Hong Kong en raison de sa mauvaise gestion de la crise : rien n’y fait, Hong Kong est toujours plongé dans la crise. Du point de vue des expatriés français, le temps semble long.
Il ne faut pas oublier que la région autonome de Hong Kong est aussi une place boursière d’envergure mondiale très importante et une porte d’entrée vers l’international. Et les Français font partie des communautés qui comptent dans cette ville. D’après le consulat général de France à Hong Kong et Macao, ils seraient 20000 actuellement. Pour eux comme pour les autres expatriés, la ville qui était encore pour certains synonyme de liberté et d’espoir s’est peu à peu transformée en incertitude pour les étrangers.
En tout cas, les manifestations ont eu un réel impact sur les expatriés. Manon (son nom a été changé), une étudiante française qui fait son master de journalisme à Hong Kong, a perçu le changement : « Ça a vraiment commencé à affecter ma vie quotidienne en novembre. A ce moment, il y a eu un pic des violences. Les manifestations ne se passaient plus seulement le week-end, les transports étaient bloqués, mon université a arrêté tous les cours. ». Elle le reconnait cependant, les manifestations se sont souvent limitées dans le temps et dans l’espace. De plus les violences n’étaient pas forcément systématiques : « Il y a des manifestations violentes le soir. Elles sont pacifiques en journée, souvent dans les quartiers d’affaires, les gens allaient manifester à midi pendant leur pause ».
Pour Philippe Barret, un essayiste français spécialiste de la Chine et ayant vécu à Hong Kong de nombreuses années: « Aujourd’hui, personne ne veut se fâcher avec la Chine. Le poids économique de la chine contemporaine est tel que la communauté internationale serait réticente à l’idée de condamner la gestion des incidents par le gouvernement hongkongais. On peut arrêter de commercer avec l’Iran, mais pas avec la Chine, tout le monde fait attention ». Une sortie de crise dans un futur proche semble donc peu probable. Reste à savoir si le pourrissement de la crise va faire fuir les expatriés français.
Arthur de La Mettrie