Europe, cette femme qui s’est fait enlever par Zeus, métamorphosé en taureau, a donné son nom à un continent. Un continent qui s’est déchiré et s’est réparti le monde lors de son âge d’or. On dit de cette terre qu’elle est dans une phase de déclin. C’est du moins la thèse des « collapsologues », ces théoriciens d’une nouvelle discipline qui prophétise l’effondrement de notre civilisation.
Selon Jared Diamond, qui a écrit Effondrement, puis Pablo Servigne et Raphaël Stevens, auteurs de Comment tout peut s’effondrer, nous sommes à un tournant. Ces deux derniers ont fait une synthèse de documents scientifiques et ont montré que dans de nombreuses disciplines, l’éventualité d’une effondrement est abordée, ce qui provoquerait une crise globale. Dans le domaine des finances, de la climatologie, de la démocratie même, avec la montée des « populistes »… L’un des critères communs à la chute de toutes les civilisations serait les « mauvaises décisions des élites », lorsqu’elles sont devant un mur. S’ensuivent révoltes et donc ébranlement, voire chute d’un régime…
Aujourd’hui, le changement climatique auquel nos élites ne semblent pas, ou peu, répondre, en est l’exemple parfait : l’urgence est là et l’inaction est criante.
Qu’en est-il de l’Europe ? L’Union européenne voit ses fondements démocratiques remis en cause par un certain nationalisme. L’Europe en elle-même est appelée, un peu péjorativement, le « Vieux continent » ; effondrement donc ? Les deux guerres l’ont bien attaquée, certes, et parler des états-Unis et de la Silicon Valley paraît bien plus attrayant et « moderne » que de notre bonne vieille terre. Comment parler dans un magazine destiné aux jeunes d’un sujet qu’on décrit partout comme « vieux » ? Un peu ennuyeux, n’est-ce-pas ? Mais regardons les choses sous un autre angle : l’Europe, c’est aussi et surtout notre quotidien : si elle était une personne, elle mangerait, elle jouerait, elle innoverait…et il lui arriverait aussi d’avoir peur. Un peu comme n’importe quel Européen…
Cela veut-il dire que nous nous ressemblons ? Portugais comme Autrichiens, ils ne vivent pas le même quotidien, c’est sûr. Mais malgré leurs différences, on peut peut-être trouver une culture commune. Et peut-être que cette culture n’est pas encore perdue…et peut-être que nous avons encore un bel avenir devant nous, quoi qu’en disent les collapsologues.
C’est cette idée de « culture commune » et d’avenir, de projets européens – un peu flous, nous vous l’accordons – que nous avons voulu mettre à l’honneur dans nos articles. Un tour d’horizon qui n’est pas exhaustif, mais qui nous a permis de traiter les sujets qui nous tenaient à cœur.
C’est sans doute l’approche des élections européennes qui nous a motivés à nous lancer dans le sujet. Nous n’en avons finalement pas parlé, pour éviter de nous confiner à l’Europe politique. En bref, ne pas réduire l’Europe à l’UE. Mais surtout, tenter de parler d’Europe pour vous présenter un aspect de la vie qui est la nôtre, de nos intérêts. Une vie qui est peut-être aussi la vôtre. Mais laissons-là les présentations.
Bonne lecture !