Événement très médiatisé en Europe et dans le monde, l’Eurovision est un show particulier. Ce qui devrait être une fête représente plus une compétition pour certains pays. Qui se cache derrière l’Eurovision et qui sont les Européens les plus attirés ?
Il rassemble chaque année près de 200 millions de téléspectateurs. Le concours Eurovision de la chanson est le plus ancien concours de musique annuel au monde mais également de loin le plus suivi. L’organisme derrière tout ça ? Il s’agit de l’Union européenne de Radio-Télévision, la plus importante organisation de radiodiffuseurs. Elle regroupe pas moins de 117 membres dans 56 pays. En France, les groupes TF1, France Télévisions, Canal +, Radio France, France Médias Monde et Europe 1 en font partie. Depuis quelques années, le concours a traversé les frontières européennes, prenant une autre dimension. L’Australie y participe même depuis 2015. L’Eurovision est très populaire en Océanie, notamment grâce à une importante population venue d’Europe. Il a aussi conquis l’Amérique du Nord, la Corée du Sud et la Chine. Mais le contrat de cette dernière a été rompu en raison de nombreuses censures exagérées.
Le concours a eu son lot de révélations mondialement connues comme le groupe suédois ABBA, qui l’a remporté en 1974. Parmi les artistes francophones, on se souvient de deux chanteuses ayant remporté l’Eurovision… sans représenter la France. La Québécoise Céline Dion a porté la Suisse au sommet de l’Europe un soir de 1988, tout comme France Gall l’avait fait en 1965 pour le Luxembourg. Mais dans l’Hexagone, le charme de l’Eurovision s’est estompé au fil du temps.
Le public européen perçoit le concours de différentes façons d’un pays à l’autre. En France et en Italie, il recueillait 10 % de part d’audience (PDA) il n’y a pas si longtemps. « Ce sont des pays où l’on a tendance à appréhender le concours en fonction du résultat, analyse Fabien Randanne, journaliste à 20 Minutes et spécialiste de l’Eurovision. Il y a eu regain d’intérêt en France en 2016 lorsque Amir avait terminé 6è. Les Italiens, eux, sont plus attirés par le festival de Sanremo. C’est un festival de chansons italiennes, ils se retrouvent plus dans ce concours ». Longtemps mal vu par les Français pour son côté « kitsch », il recommence à séduire.
En 2018, le show a attiré plus de 5,1 millions de téléspectateurs français, soit 28,5 % de PDA, le meilleur score réalisé depuis 2009. L’émission s’est largement imposée face à la finale de The Voice diffusée le même soir. La même année, la France innove en créant pour la première fois un concours national de sélection : « Destination Eurovision ». Il consiste en deux demi-finales enregistrées pendant lesquelles s’affrontent 18 concurrents, puis une finale diffusée en direct mettant en scène les huit derniers participants. Le télécrochet a permis au duo Madame Monsieur puis à Bilal Hassani de représenter la France à l’Eurovision avec leurs titres Mercy et Roi.
À l’autre bout de l’Europe, on lui porte un tout autre intérêt. En Suède, l’Eurovision est toujours considéré comme un événement incontournable et rassemble chaque année environ 80 % de PDA. Un véritable phénomène amplifié par la popularité du Melodifestivalen, le programme le plus populaire en Suède au XXIè siècle. C’est une émission musicale annuelle qui détermine qui représentera le pays au concours. La France s’en est beaucoup inspiré lorsqu’elle a mis en place « Destination Eurovision ». « L’Eurovision est vue comme une vitrine, un moyen de briller, explique Fabien Randanne.La France et l’Italie peuvent briller dans d’autres disciplines comme le sport mais pour les plus petits pays, c’est un moyen d’exister. La Suède est passionnée mais c’est aussi le cas au Danemark. Le divertissement est ancré dans la culture scandinave ». L’Islande est de loin le pays dont la population regarde le plus l’Eurovision. En 2018, le show avait accumulé une part d’audience de… 98 % ! Alors, comment réussir à séduire autant de monde dans les pays occidentaux ? C’est simple, la meilleure façon reste de gagner.