Alstom a annoncé ce matin la vente du site de production de Reichshoffen dans le cadre de l’acquisition de l’entreprise Bombardier. Une décision prise dans le cadre du respect des règles de la libre concurrence de la Commission européenne.
« Il y a de la colère et de la déception, mais pas vraiment de surprise ». Cette réaction de Vincent Jozwiak, délégué syndical central FO reflète l’état d’esprit des 780 salariés d’Alstom sous contrat à Reichshoffen. Il pointe « le manque de transparence de la direction durant les négociations. » Selon lui, les employés ne seraient « pas rassurés du tout ». Ils sont dans le flou sachant que « ni l’identité ni la stratégie d’un éventuel repreneur n’est encore connue ».
Ses pronostics sont pessimistes. Selon lui, un rachat du site par une entreprise ferroviaire française, voire européenne, est impossible. Les syndicats se préparaient à un tel scénario. Il y a quelques mois, 60 représentants des syndicats d’Alstom et Bombardier avaient organisé une réunion pour faire le point. En réaction à l’annonce de ce matin, une journée de mobilisation européenne organisée par les syndicats des deux entreprises est prévue le 16 juillet prochain. Le délégué FO reste sur ses gardes sur l’avenir des sites d’Alstom. « Tôt ou tard, ça va toucher tout le monde », redoute-t-il.
Éviter une situation de monopole
Rappelons les faits. Dans un communiqué du 17 février, Alstom déclare avoir acquis la compagnie canadienne Bombardier Transport pour une somme comprise entre 5,8 et 6,2 Mds d’euros. Mais ce rachat doit encore être validé par la Commission européenne. Problème : avec cet achat, Alstom se retrouve en situation de monopole, violant la réglementation sur la protection de la libre concurrence.
Pour se mettre en règle, Alstom a envoyé ses engagements à Bruxelles aujourd’hui. L’entreprise française espère une décision favorable rapide, afin de boucler son rachat au premier semestre de l’année 2021. L’affaire est devenue politique. Au sein du parti européen Renew Europe dont LaRem est l’une des composantes, la balance penche plutôt en faveur d’Alstom. Le député européen et belfortain Christophe Grudler a ainsi indiqué qu’il ne s’opposait pas au rachat de Bombardier et espérait que la transaction soit validée d’ici la fin juillet.
Keller demande une révision des règles de concurrence
La députée et ancienne maire strasbourgeoise, Fabienne Keller, s’est montrée plus réservée par rapport à cette acquisition. Elle a appelé à ce que les règles de concurrence soient revues afin de « renforcer l’autonomie stratégique de l’Europe dans le cadre de la mondialisation ». Toujours selon Fabienne Keller, cette décision irait dans le sens du Green Deal européen qui devrait miser sur le secteur ferroviaire. Des propos qui rejoignent ceux du syndicaliste Vincent Jozwiak, qui estime que les États et l’Europe n’ont pas de stratégie ferroviaire claire.
Un article de Thomas Bradford, édité par Sailesh Gya