La tension monte à l’approche des élections présidentielles algériennes. Le pays est, depuis plusieurs jours, le théâtre de nombreuses manifestations contre un nouveau mandat du président sortant Abdelaziz Bouteflika. « Bouteflika dégage », « Game is over » ; des propos chocs scandés par de nombreux algériens à l’égard du président, au pouvoir depuis 20 ans. Des milliers de personnes ont manifesté dans les rues pour dénoncer l’attitude du gouvernement et dire non à un autre mandat, le cinquième brigué par Abdelaziz Bouteflika. Depuis son accident vasculaire cérébral en 2013, le président algérien de 81 ans multiplie les séjours à l’hôpital. Ses apparitions se font rares. Abdelaziz Bouteflika a bien déposé sa candidature le 3 mars, auprès du Conseil Constitutionnel, malgré les oppositions dans le pays. Un ras le bol général Le mouvement s’étend jusqu’en France, avec les mêmes slogans et mêmes ambitions. Ce qui se passe en Algérie ne laisse pas la communauté algérienne de France indifférente. L’opposition algérienne à la candidature d’Abdelaziz Bouteflika a aussi une conséquence en Alsace. Dimanche dernier, une manifestation a eu lieu devant le Parlement européen suite à un appel lancé sur Facebook par « Les Algériens d’Alsace contre le 5e mandat ». Les contestataires ne veulent plus du tout se laisser faire car c’est une certitude pour eux : « s’il se représente, Abdelaziz Bouteflika sera réélu, nous devons changer la constitution, et faire inscrire que le Président doit être capable de s’exprimer pour gouverner » déclare Omar, Franco-algérien de 39 ans. Son état de santé préoccupe aussi beaucoup les binationaux. « Nous n’avons rien contre Bouteflika en tant que personne, mais ça suffit. Mais il n’est plus en mesure de gouverner au vu de son état de santé » affirme Bachir, présent lors de la manifestation anti-Bouteflika de samedi à Strasbourg. Une communauté algérienne très présente en Alsace Au total, 25 000 Algériens sont inscrits sur les listes électorales en Alsace, d’après Farid Benoudina, consul général adjoint d’Algérie à Strasbourg. Les listes sont en train d’être peaufinées, et les derniers préparatifs sont en cours. « Il y a une logistique, tout un processus organisationnel, mais aussi une délocalisation des bureaux de vote, en raison d’une forte concentration de la communauté algérienne » déclare Farid Benoudina. Le consulat d’Algérie de Strasbourg envisage donc d’ouvrir plusieurs bureaux de vote à travers l’Alsace. Mélissa Latreche