Chaque jour à 13 heure, les élèves du TNS se rassemblent devant le parvis du théâtre strasbourgeois. À travers un forum accompagné d’une prise de parole ouverte, les élèves de l’École supérieure d’art dramatique font entendre leur voix à l’unisson : « Ouvrez les théâtres ! » 140 jours, c’est l’inscription écrite sur la façade du Théâtre National de Strasbourg. 140 jours que ce lieu de culture n’a pas pu accueillir de public. Les étudiants ont décidé de réagir et faire entendre leurs revendications et leur épuisement. Au programme, tous les jours de 13 à 14 heure, les élèves organisent un forum accompagné de concert ou d’expression corporelle. Ils y confient leur peur pour leur futur métier, mais aussi leur envie de pouvoir enfin refouler les planches devant un public. Occuper pour exister Aujourd’hui en France, 54 théâtres sont occupés par leurs élèves. Une manière pour eux de ne pas perdre leurs liens sociaux, mais aussi de se soutenir au mieux lors de cette période difficile. Jour et nuit, les étudiants vivent au sein du Théâtre National de Strasbourg. Il est devenu symboliquement leur lieu de vie. «C’est un mouvement qui leur appartient. C’était leur lieu de travail maintenant c’est leur lieu de vie.Nous les soutenons et nous mettons en place le maximum pour que tout se passe le mieux possible», explique Isabelle Wassong, responsable du service d’entretien du TNS et déléguée syndicale CGT. Élargir le cercle «On remet en question les raisons pour lesquelles les théâtres ne sont pas ouverts contrairement à de grands magasinscommerciaux », souligne Romain Gneouchev, intermittent du spectacle. À travers leur prise de parole et leur épuisement moral, ils souhaitent toucher un maximum de personnes. «Nous essayons d’étendre le mouvement au-delà du microcosme du théâtre. Nous voulons que notre action parle à tous les étudiants, mais aussi aux personnes en précarité» annonce Juliette Bialek étudiante au TNS. L’année blanche Les intermittents du spectacle eux aussi réclament une réouverture des théâtres, mais aussi une prolongation de leurs indemnisations. Comme cela fut le cas lors de «l’année blanche». Mais au-delà de l’aspect financier, beaucoup d’artistes se sont privés socialement du monde «La fermeture des théâtres, c’est pour moi une véritable mort cérébrale. Mes amis font ce métier-là. Nous nous croisons dans les théâtres, toutes les sphères se sont fermées d’un coup», confie Romain Gneouchev. En attendant une possible réouverture la mobilisation au TNS continue.