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Monique Maitte rejoint le cercle des poètes disparus

Les amis et les connaissances de Monique Maitte se sont donné rendez-vous, au parc de la citadelle, pour un pique-nique commémoratif. Ils ont rendu un dernier hommage à « l’ange gardienne » des SDF strasbourgeois qui s’est éteinte, ce samedi 4 juillet.

Une ambiance bien particulière régnait au parc de la citadelle, mercredi soir. Près de 25 personnes ont répondu à un message Facebook appelant à rendre un dernier hommage à Monique Maitte. Ancienne porte-parole du collectif « Les Morts de la Rue », et membre des « Enfants de Don Quichotte », elle avait fondé le collectif SDF Alsace après avoir passé huit ans dans la rue. Des voisins, des amis, et des personnes qui la suivaient de loin ont pris la parole, pour raconter un moment vécu, une émotion, un instant de vie avec Monique.

Rapidement les témoignages se sont tournés vers les poèmes de la défunte. Elle postait régulièrement quelques vers ou une simple phrase sur son blog. C’était d’après elle ce qui l’a sauvé. « J’écris pour évacuer la petite blessure, j’écris pour éloigner les mots fielleux, j’écris pour revenir au plaisir délicat, au cœur de la nuit j’écris un rêve où la peine qui s’immisce est poésie ». Cette commémoration a permis de rassembler deux univers très différents : celui de la rue et celui de l’art de la prose.

Pour ce dernier hommage, les sons de la rue l’ont emporté une dernière fois. Des enfants chahutant sur une aire de jeu couvraient les poèmes tandis qu’une cinquantaine de personnes participant à un cours de Yoga effectuaient leurs mouvements en silence. Entre ces deux mondes bien différents, le petit groupe placé en demi-cercle ému et silencieux s’abandonnait à son moment d’hommage poétique.

« Je reste dans la marge, hors du temps, dans l’ombre, entre deux rives et le murmure des absents »

Dernier poème posté par Monique Maitte, 16 août 2019

Entre deux extraits, souvent tirés du recueil de poèmes de Monique Maitte, « De la rue à la vie », traduit en alsacien, des graines de tournesol sont distribuées, récoltées directement du grand tournesol de son jardin, dont elle était très fière. Un tournesol qui lui a inspiré aussi des poèmes, qu’elle aimait partager avec ses amis. « Poursuivant le soleil, jusqu’à qu’il se courbe comme fatigué par la lumière », a récité David Rudloff, organisateur de ce dernier pique-nique, et ami de Monique. Tous se souvenaient d’elle comme d’une femme simple, animée par la passion d’aider les autres et surtout les plus démunis. Elle a été incinérée jeudi à Pujols, dans le Lot-et-Garonne, sa ville d’origine.

Lire : « De la rue à la vie », 96 pages aux édition Do Bentzinger, Prix : 14€

Un article de Thibaud Gamb, édité par Sailesh Gya.

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