Pour lutter contre la précarité étudiante amplifiée par le confinement, l’Afges, l’Association Fédération Générale des Etudiants de Strasbourg, a créé un « supermarché gratuit » à Strasbourg. Elle annonce près de 4 000 passages depuis l’ouverture du site et plusieurs centaines de bénéficiaires par jour.
Un curieux spectacle se déroule au 1 quai du maire Dietrich, tous les mercredi, de 10h à 18h, depuis dix semaines. Des étudiants patientent devant le bâtiment, masque sur le nez, cabas et carte étudiante en main. En présentant cette dernière, ils peuvent accéder gratuitement à des denrées alimentaires, des produits d’hygiène mais aussi de la nourriture pour animaux distribués par l’Afges. A l’entrée, un bénévole prend les coordonnées des arrivants. Le circuit commence alors par une salle au sous-sol. Les aliments sont stockés dans des bacs disposés sous les tables. Seul un exemplaire de chaque produit est exposé sur celles-ci.
Quand l’étudiant a fait son choix, un bénévole pioche le produit dans les réserves et le lui donne. Le reste des denrées se situent au rez-de-chaussée, où l’on retrouve la même disposition qu’au sous-sol. Il y a un réfrigérateur pour les produits frais. Un panier se compose généralement de conserves, de pâtes – « il y aura toujours des pâtes ! », s’amuse une bénévole -, de lait, de fruits et légumes frais et de produits hygiéniques comme du savon.
« Avec le confinement, la précarité étudiante a explosé », déclare Morgane, l’une des responsables de l’association. Face à cette hausse du nombre d’étudiants en manque de revenus, il a fallu repenser le mode de distribution. À l’origine, l’Afges gère deux épiceries solidaires. Elles permettent aux étudiants les plus précaires, après constitution d’un dossier, d’avoir accès à des produits à prix réduit. Or, « la lenteur administrative n’était pas tenable et le paiement nécessitait du contact », explique le président de l’association, Jean-Valentin Foury. Le plus simple était de rendre les denrées gratuites et accessibles à tous les étudiants.
L’université de Strasbourg (UdS) et le CROUS (Centre Régional des Œuvres Universitaires et Scolaires) apportent leur soutien financier aux bénévoles afin qu’ils puissent acheter les aliments manquants auprès de la Banque Alimentaire, principal fournisseur. La gratuité de ces denrées est en partie possible grâce aux dons. Mais les particuliers aussi se mobilisent : « Un jour, une vieille dame a fait une collecte dans son immeuble et ensuite son fils est venu nous l’apporter, c’était adorable ! », se souvient une bénévole encore émue par ce geste. Des artisans comme les Cafés Reck et la Maison Lorho, la célèbre fromagerie, donnent régulièrement à l’association. Certains dons sont parfois surprenants : cinq tonnes de farine, ou encore un « mur de pâtes », comme ils aiment l’appeler, trônent dans le garde-manger.
« Au total depuis le début du confinement on compte près de 4 000 passages et nous avons atteint les 650 bénéficiaires en une journée », décompte Jean-Valentin Foury. Les bénéficiaires, eux, sont heureux de pouvoir compter sur cette aide. « Quand on est arrivés la première fois, on ne savait pas ce qu’il se passait, ça paraissait si simple ! », s’exclame une bénéficiaire avant de continuer « Cela ne s’arrêtait pas, il y avait plein de nourriture, et tout était gratuit ! ». « ma colocataire a failli pleurer quand elle a su que c’était gratuit, ça nous a vraiment aidés, sans ça, on ne pouvait pas payer le loyer », ajoute une autre bénéficiaire.
A partir de la semaine prochaine, la distribution gratuite ne se fera plus qu’une semaine sur deux. L’autre semaine, l’Afges compte créer une aide à la recherche d’emplois étudiants. « On traite les conséquences et on s’attaque aux causes », explique Morgane.
Alice Rixein