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L’urbex, un nouveau sport en plein essor

Vieux manoirs, usines abandonnées ou magasins désaffectés, autant de terrains de jeux idéaux pour les « urbexeurs ». Cette pratique risquée et illégale fait de plus en plus d’adeptes. Reportage.

La voiture garée un peu plus loin, nous marchons vers ce grand bâtiment abandonné non loin d’une station de ski, tout au sud de l’Alsace. Les premiers panneaux « interdiction de pénétrer dans les lieux » sont visibles. Mais une fois arrivés devant l’hôtel, rien de nous empêche d’y entrer : plus aucune vitre, toutes les portes ouvertes, aucune barrière. L’intérieur ne ressemble plus à rien. L’étanchéité du plafond est à terre, mélangée au plâtre des murs détruits par le temps. Ceux qui sont encore debout sont recouverts de tags et d’inscriptions. Les pièces et les étages défilent et se ressemblent, bien que certains détails soient encore visibles, comme une trace d’un autre temps. Le sol n’inspire pas confiance et nous décidons de ne pas aller plus loin. Au fond de la cour, le clou du spectacle : nous retrouvons la piscine de cet hôtel, complètement vidée et taguée. L’atmosphère y est particulière. Le temps de faire quelques photos et nous voilà ressorti, fin de cette première expérience.

Ce qui reste de l’ancienne piscine du bâtiment. / CP : Anthony WEISSMULLER

Méconnu il y a une dizaine d’année, cette pratique se démocratise en France. Venu de la langue anglaise, l’urbex (mot-valise de « Urban exploration ») est le fait d’explorer des lieux interdits ou difficiles d’accès. « Ce qui me motive, c’est de découvrir un lieu et son histoire. Après il est vrai qu’il y a une certaine adrénaline car parfois il peut y avoir de la sécurité ou des alarmes qui se déclenchent », explique El Cheeba qui souhaite garder son pseudonyme et son anonymat. Depuis huit ans et après une centaine d’exploration, l’homme retrace ses explorations sur le site du même nom. Les photos ou les vidéos prises par les pratiquants finissent ensuite sur les réseaux sociaux ou sur YouTube, contribuant à l’engouement pour cette pratique. Sur Instagram, le seul #Urbex compte 9.2 millions de publications, sans compter ses centaines de dérivés comme #UrbexAlsace, #Urbexworld, etc.

Des lieux par milliers dans le monde

De jour ou de nuit, seul ou en groupe, en ville ou à la campagne, les moyens de pratiquer sont nombreux et diversifiés. « Je me penche surtout avec ma copine sur les phénomènes paranormaux, et à tout ce que l’on peut entendre ou voir de nuit dans ces lieux », développe Mike Verdier. Rien qu’en Alsace avec le patrimoine de la région et notamment les nombreuses usines, des dizaines de spots sont identifiables. « Je repère les lieux en général lors de balades à moto dans les villages reculés de la région. Après il suffit d’enquêter un peu pour voir comment rentrer, si le lieu est surveillé ou non », explique El Cheeba. Ces passionnés ne se contentent plus de la France et sont prêts à parcourir des kilomètres pour de nouvelles explorations. « J’ai quelques lieux à visiter en Allemagne et en Belgique, mais pour le moment c’est reporté à cause de la crise sanitaire », poursuit le jeune bloggeur.

Une pratique risquée

L’urbex reste une pratique d’illégal. Les adeptes encourent jusqu’à 1 an d’emprisonnement et 15 000€ d’amende, bien que dans 99% des cas, la violation d’un tel lieu n’entraine pas de poursuites. « Nous ne faisons pas de dégradations, nous voulons juste visiter les lieux et prendre des photos. En urbex, la règle numéro 1, c’est de ne rien prendre ni dégrader », justifie Axel Da Costa. Outre les risques pénales, d’autres dangers existent sur ces lieux abandonnés. Agressions par des personnes malintentionnées, chutes d’objets ou sol qui s’écroule sous les pieds, les pièges sont multiples dans ces ruines. Chaque année cette pratique cause des blessures et entraine parfois la mort.

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