Dans le cadre du Plan immobilier pénitentiaire national, l’Eurométropole doit accueillir une nouvelle maison d’arrêt de 500 places, destinée notamment à remédier à la surpopulation chronique de celle de Strasbourg. L’augmentation de ces dernières années est constante, environ 1 000 personnes de plus par an. Mais la construction de ce nouvel établissement pénitentiaire sur le territoire fait débat et crée la controverse dans la classe politique.
Ce n’est pas le principe de construire une nouvelle prison qui fait débat, mais plutôt sa localisation sur le territoire qui est remis en cause. Apparemment personne n’en veut : ni l’Eurométropole, ni Illkirch-Graffenstaden, ni l’Elsau ni Hoerdt. Les débats tournent autour de la dénonciation de la « nuisance » d’une prison sur un parc d’activité, sur un quartier ou sur une commune.
Pour rappel, il y a en France, au 1er janvier 2019, 70 059 personnes écrouées détenues. En 1950 ce nombre s’élevait à 20 000 et à 50 000 il y a vingt ans. A Strasbourg, il y a 641 détenus pour 445 places, ce qui crée une « suroccupation » des locaux pénitenciers. De plus, la vétusté de ces établissements est réellement pointée du doigt par de nombreux rapports français et européens.
« Un faux problème »
De nombreuses personnalités du paysage politique strasbourgeois se sont dressées contre ce projet, Alain Jund, élu écologiste, en fait partie. « Pour moi c’est un faux problème, souligne l’adjoint au maire de Strasbourg. J’estime que construire une nouvelle prison n’est pas la réponse adéquate. » Actuellement le taux de « suroccupation » des prisons à Strasbourg est de 144 %. Les retards dans les processus de condamnations et les jugements qui prennent souvent beaucoup de temps sont les causes de ce surpeuplement des prisons.
Lors du dernier conseil de l’Eurométropole, l’adjoint au maire à insister sur le fait que d’autres solutions étaient préférables : « Il est essentiel de trouver d’autres alternatives car elles existent. Cela commence par revoir la politique pénitentiaire : les conditions vétustes sont de réelles problèmes pour les détenus ainsi que pour le personnel pénitencier. Certains détenus sont obligés de partager une chambre seule à deux et d’autres n’ont qu’un matelas dans leur chambre et rien d’autre. » Pour l’élu, il est nécessaire que le ministère de la Justice mette plus de moyens pour faire avancer les choses et améliorer les conditions des détenus. Pour le moment, aucun rendez-vous n’est prévu pour ce projet. « Il n’a pas d’impacts directs sur la Ville ou l’Eurométropole, le financement n’est pas un problème outre mesure mais trouver un terrain foncier me paraît inutile, le problème n’est vraiment pas là », rappelle-t-il. Affaire à suivre.
Anton Guionin