Air France a officialisé au début du mois de juillet la suppression de plus de 7 500 postes d’ici 2022. L’aéroport d’Entzheim n’échappera pas au plan social avec 51 suppressions de postes selon la CGT.
L’aéroport d’Entzheim est en proie des turbulences. Le plan de restructuration annoncé par Air France aura des conséquences directes sur les effectifs. Une décision très dure à avaler pour les salariés. « On est écœurés. Aujourd’hui, il y a 88 salariés à Entzheim et, d’ici décembre 2022, nous serons plus que 37 salariés. », déplore Walter Herbster délégué syndical CGT d’Air France à Entzheim.
Aux suppressions de postes s’ajoutent également des suppressions de lignes. La compagnie envisage d’arrêter 4 de ses 5 liaisons intérieures au départ d’Entzheim. La ligne Strasbourg – Nantes était amenée à disparaître avant la crise. Celles avec Nice, Marseille et Toulouse devraient suivre. Seule la desserte vers le hub de Lyon, qui dessert toute la France, sera conservée. Au-delà des emplois chez Air France , « les commerçants seront aussi impactés puisqu’on aura moins de voyageurs », estime Walter Herbster. L’an dernier, les lignes Hop vers Toulouse, Marseille, Nice et Nantes ont transporté 225 000 passagers sur les 1,3 million qu’a enregistrés l’aéroport strasbourgeois, soit 17% du trafic global.
Mais l’aéroport d’Entzheim ne sera pas le seul touché. Depuis l’épidémie, Air France est en chute libre. Pendant trois mois, l’activité de la compagnie a chuté de 95%. Au plus fort de la crise, elle a perdu 15 millions d’euros par jour. C’est ce qu’elle affirmait dans un communiqué du 3 juillet. Conséquence : des milliers de postes supprimés dans les deux prochaines années avec 6 560 sur 41 000 pour Air France et 1 020 sur 2400 pour sa filiale Hop.
Pourtant l’État a débloqué 7 milliards d’euros pour aider la compagnie française, un apport massif et inédit. Une annonce qui provoque la colère des syndicats. « L’argent qui est consenti à Air France va servir à envoyer des milliers de salariés vers Pole Emploi », dénonce Karine Monsegu, co-secrétaire générale de la CGT Air France. La syndicaliste assure qu’avec cet argent, la compagnie aérienne aurait pu assurer 24 mois de chômage partiel au lieu de supprimer des postes, en attendant une reprise plus franche de l’activité. L’État français, quant à lui, avait demandé au printemps à Air France d’améliorer sa rentabilité et son impact environnemental. La crise a forcé la compagnie à accélérer le plan de suppressions de postes, prévu au départ sur cinq ans.
Aucun secteur ne sera épargné : pilotes, hôtesses, stewards, et personnel au sol. Le plan de restructuration porte essentiellement sur des départs non remplacés, de départs volontaires ou de retraites anticipées. C’est le cas du moins chez Air France.
Chez Hop, la filiale spécialisée dans les vols régionaux, des licenciements secs ne sont pas exclus. « La direction ne trouvera pas autant de départs volontaires, ils vont essayer ensuite de proposer des mutations, mais quand les salariés vont refuser, ils vont les licencier. », explique Karine Monsegu. Elle estime que 80% des suppressions de postes chez Hop passeront par des licenciements purs et simples.
Un article d'Antoine Baret édité par Sailesh Gya.