Après avoir fortement touché la Chine, le coronavirus a atteint les frontières de l’Europe fin du mois de février. Entre panique et indifférence, les citoyens sont divisés. Les médecins avertissent sur les risques à ne pas prendre à la légère. Le coronavirus: quel danger?
L’épidémie du coronavirus, aussi appelé covid19, progresse en Alsace. Pour l’heure, 16 cas sont confirmés dans le Haut-Rhin et 5 dans le Bas-Rhin. Si certains cèdent à la panique, d’autres prennent cette annonce avec dérision. Sur les réseaux sociaux, beaucoup ironisent sur le virus et ses risques. Pour Lucas, étudiant strasbourgeois, le coronavirus n’est « qu’un gros rhume, personne ne va mourir s’il est en bonne santé ». Il n’a d’ailleurs pas participé à la ruée vers les flacons de gels hydroalcooliques et masques de protection. Parce que «s’il fallait attendre un petit rhume pour que des gens aient de l’hygiène, c’est plutôt ça le danger » ironise-t-il. Ajouté à cela, l’Institut pour la protection de la Santé Naturelle a publié une étude appelée « Coronavirus : l’art de faire peur pour rien… ». Elle vient décrédibiliser l’inquiétude que les gens ont face à l’épidémie.
Ça n’a pourtant pas empêché que tous se soient rués vers les masques et gels en pharmacie. Depuis que le premier cas a été confirmé à Strasbourg, les Alsaciens ont pris d’assaut les pharmacies. Julie, pharmacienne s’est faite dévalisée. « Les gens venaient et prenaient tous les stocks de gel par vingtaines » explique t’elle. En deux heures, elle a vendu ses 250 flacons de gels. Les ruptures de stocks ont provoqué la colère de certains clients. « Quand je lui ai dit qu’il n’y avait plus de masque, il m’a presque agressée » témoigne Julie.
Rupture de stocks et courses vers les urgences sont les maitres mots depuis lundi dernier. Les services sont saturés et la totalité du personnel médical est presque réquisitionnée 24h sur 24. Selon Yvon Ruch, médecin au CHU de Strasbourg expert en maladies infectieuses et tropicales, le virus est grave mais il ne faut pas tomber dans la psychose. « C’est 10 à 100 fois plus contagieux que la grippe » affirme-t-il. Il décrit le virus comme pouvant aller d’un rhume à une pneumonie grave, voire la mort.
Depuis la première alerte de l’Organisation Mondiale de la Santé, les équipes médicales du CHU sont sur le pied de guerre. « On avait commencé la procédure de dépistage depuis quelques semaines, on s’attendait à un cas à Strasbourg » explique Yvon. Mais le nombre de personnes infectées en Alsace n’est pas quantifiable. Pour l’heure, 16 cas sont confirmés dans le Haut-Rhin et 5 dans le Bas-Rhin. Le médecin est persuadé qu’il y aura une pandémie mondiale « on peut atteindre les 10 000 morts » estime-t-il. Mais parmi les cas d’infection, seuls 2 % sont mortels « on préfère surestimer le nombre de morts parce qu’on sous-estime le nombre de contaminés ».
Manon Touati